Franchement, je n’imaginais pas qu’il y aurait quoique ce soit à raconter sur la Transcanadienne. Après tout, ce n’est qu’une succession d’immenses lignes droites bordées de sapins ou de prairies. De temps en temps, en haut d’une côte, on peut apercevoir un lac ou une rivière gelée avec des noms aussi évocateurs que Harmony Beach, White River ou le Lac des Mille Lacs…
Mais en fait, on peut trouver l’aventure au détour de n’importe quel virage ! C’est comme ça qu’hier (le 17 décembre 2005) on a pulvérisé notre record de vitesse en parcourant 200 km en 11 heures ! Après avoir été nous dégourdir les pattes en skiant à Searchmont, nous nous sommes retrouvés bloqués 7 heures d’affilée au milieu de nulle part, avec des camions par dizaines devant et derrière nous. Dans ce cas là, il n’y a qu’une chose à faire : attendre. Matth se sent un peu comme les marins lorsqu’ils passent le pot au noir, sauf que là, il neige à gros flocons depuis plusieurs heures. Le problème, c’est qu’il y a forcément un moment où des besoins naturels se font ressentir… surtout à l’heure du dîner ! Tout d’un coup, le souvenir d’une recommandation maternelle ressurgit : « en cas de tempête, il ne faut pas sortir de la voiture ! » Tant pis pour cette fois, j’improvise une cuisine en creusant un trou dans la neige pour protéger le réchaud du vent. Le camionneur derrière nous qui me voit à l’œuvre vient à ma rencontre avec 2 jus de tomates dans les mains. Sympa ! En discutant un peu, il m’explique qu’un accident a eu lieu à 1,5 miles de là où nous nous trouvons. Il paraît que ça arrive tout le temps à cet endroit là, car c’est la plus grosse côte de la Transcanadienne. Cela dit, ce n’est guerre étonnant, car les camions roulent comme des fous ici, et surtout toujours au-dessus de la limite de vitesse. D’ailleurs, il arrive régulièrement qu’on se fasse doubler par l’un de ces mastodontes, qui font à peu près une fois et demie la taille de nos plus gros camions en Europe. Les premières fois, ça fait bizarre et surtout ça secoue toute la voiture. Après, on s’y fait, même s’il faut rester vigilent, car ils ont tendance à te pousser sur le bas côté en se rabattant.
Au bout d’une demi heure, l’eau est suffisamment chaude pour préparer l’un de nos plats préférés : un bol de « Chef Woo ». C’est une soupe lyophilisée au bœuf ou au poulet avec des pâtes chinoises précuites. C’est nourrissant, c’est (assez) vite prêt et ça embaume toute la voiture jusqu’au lendemain !
Quelques heures plus tard, la route est débloquée. Nous parcourons les 100 km qui nous séparent de la première bourgade, où nous décidons de passer la nuit… la troisième d’affilée dans la voiture.