A la conquete de l’Ouest et de son or blanc

Le 25 Décembre 2005, nous arrivons dans la nuit noire à Jasper, dans le Parc National du même nom, en Alberta. Nous avalons une petite soupe lyophilisée et sautons dans nos duvets. Au bout d’une heure, j’entends des bruits bizarres autour de la voiture, on dirait des pas. Je réalise instantanément que nous sommes deux corps allongés avec pas moins de 10 kilos de nourriture rangés dans un simple bac en plastique… c’est-à-dire un véritable garde-manger vivant pour les ours qui souhaiteraient faire un bon gueuleton de Noël ! J’essaie de me rassurer en me disant que c’est l’hiver et que, normalement, ces bestioles sont sensées hiberner en cette saison.

Le lendemain matin, pas de traces d’ours autour de la voiture, mais un spectacle incroyable : des montagnes ! Des vraies montagnes, hautes et bien massives avec de la neige, des sapins immenses et des barres rocheuses.

Le 27 Décembre 2005, nous avons rendez vous à 9h30 avec Denis, notre « Mountain Host » qui va nous faire visiter les meilleurs « spots » du coin. Nous prenons donc immédiatement la direction de Marmot Basin, le domaine skiable le plus proche de la ville de Jasper. Un superbe lever de soleil accompagne notre montée vers la station et colore le ciel en rose fluo. Skier dans les Rocheuses n’a rien à voir avec ce qu’on connaît en France. Ici, il y a peu de pistes balisées, mais beaucoup d’itinéraires sécurisés clairement indiqués sur le plan des remontées mécaniques : le rêve pour les amateurs de freeride ! Grâce aux indications de Denis, nous passons 2 jours à rider les pentes de Marmot basin, dont le domaine en forme de cirque offre des points de vue incroyables sur la vallée et la rivière Athabasca.

Le 28 Décembre en fin de journée, nous empruntons la « Promenade des Glaciers » pour rejoindre Lake Louise. Nous arrivons assez tard et il n’y a plus de place à l’Auberge de jeunesse, qui a été prise d’assaut pendant les vacances de Noël. Qu’à cela ne tienne, nous établissons notre campement sur le parking juste derrière l’immeuble, entre une rangée de sapins et les rails d’un chemin de fer. Après tout, je préfère entendre le sifflement et les claquements des roues des trains sur les rails, plutôt que les pas des ours…

Lake Louise est une station mythique – au même titre que Marmot Basin ou Sunshine – et je devrais avoir plein de choses à raconter sur cette station. Malheureusement, aujourd’hui le ciel est gris, les gens sont désagréables, les remontées mécaniques sont désespérément lentes et nous ne goûtons que très tardivement dans la journée aux plaisirs de « Backside » (l’une des zones où il n’y a pas de pistes tracées, mais seulement des itinéraires sécurisés). Or, le forfait nous a quand même coûté 74 $ chacun ! Bref, pour moi, c’est un jour sans. Après avoir fait quelques trous dans sa board en passant dans les sous-bois, Matthieu est dans le même état. En fin de journée, nous fuyons vers Kicking Horse, notre étape pour le lendemain.

Kicking Horse doit bien entendu son nom à une histoire de cheval bottant le derrière de son cavalier, mais cette station toute récente est surtout réputée auprès des riders pour ses 70 départs de couloirs. Après avoir récupéré nos forfaits, nous découvrons le domaine skiable et les fameux départs… Il ne reste plus qu’à choisir ceux qui feront notre bonheur !

En fin de journée, nous cheminons vers Banff et la station de Sunshine. Nous arrivons par une route bordée de voitures garées sur plusieurs kilomètres avant le départ de la remontée mécanique principale… On se croirait à une sortie de Match de foot au Stade de France : spectacle impressionnant et inquiétant à la fois, car nous nous demandons à quelle heure il faut arriver le matin pour pouvoir accéder au parking. Nous apprendrons le lendemain que la station a battu son record historique de fréquentation avec 8 000 personnes !

Le 31 Décembre 2005, nous nous levons tôt pour éviter la foule, mais il y a déjà pas mal de monde à notre arrivée. Nous nous échauffons sur quelques pistes avant de rejoindre Dave, notre « instructor », en début d’après midi. Nous échangeons les politesses habituelles et rapidement Dave nous demande quel type de matériels nous avons. La « Jones » pour Matth et les « B3 » pour moi. Dave affiche un large sourire : « It’s fat !!! Let’s go riding Delirium Dive ! ». Rien que le nom de cette zone freeride, c’est tout un programme ! Deux remontées mécaniques et quelques minutes de grimpette plus tard, nous voilà sur une crête au-dessus d’un couloir assez raide. Pour entrer dedans, il faut soit sauter directement et avoir des cuisses en bétons pour éviter la roche qui affleure par endroit, soit se laisser déraper en tenant une ficelle (plus symbolique qu’autre chose) pour éviter de basculer de l’autre côté de la falaise et d’atterrir… quelques dizaines de mètres plus bas ! Dave choisit cette dernière méthode, et comme je ne suis pas casse-cou, je m’apprête à faire de même. Dans ces moments là, l’idéal serait de faire des photos ou filmer, mais je peux vous assurer qu’avant de m’élancer c’est le dernier truc que j’ai envie de faire ! Quand il y a du vide sous mes pieds, j’essaie juste de me concentrer et de ne surtout pas réfléchir trop longtemps : sinon, je reste « collée » et je suis bonne pour retenter ma chance le lendemain ! Bref, j’attrape la ficelle, je dérape, j’enchaîne deux petits virages sautés, et la récompense : de la poudre ! Matth me rejoint rapidement dans cette quête de l’or blanc… aujourd’hui, nous sommes bénis !

Le soir, trop fatigués pour attendre minuit pour se souhaiter la bonne année, nous nous écroulons comme des masses à l’Auberge de jeunesse de Calgary.

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