Depuis une semaine, le printemps arrive à toute vitesse. Comme par miracle, des colonies de petits agneaux tétant leur maman sont apparues dans les champs. Les arbres bourgeonnent et les fleurs offrent en spectacle une symphonie de couleurs plus éclatantes les unes que les autres. Un autre phénomène nous touche particulièrement : la température de l’air s’élève sérieusement. Ce petit détail, qui n’a l’air de rien, brouille nos cartes et nous force à jouer une autre partie. Désormais, il nous faut donc « être au bon endroit, au bon moment ». En effet, si nous arrivons trop tôt sur certains pans de montagne, la neige est aussi gelée qu’une patinoire. Mais, si nous arrivons trop tard, alors celle-ci s’est transformée en soupe. Histoire de rendre le jeu plus rigolo, nous devons tenir compte d’un paramètre tout à fait déroutant : dans l’hémisphère sud, les faces exposées au soleil sont au… Nord !
Le 9 septembre, nous commençons notre visite des stations d’Arthur’s Pass à Porter Height’s. Le temps est maussade et la station est exposée au Sud. Mais compte tenu de notre arrivée tardive, la neige a eu le temps de se réchauffer, ce qui nous permet d’en profiter comme il se doit.
Le surlendemain, nous nous levons aux aurores pour gagner Temple Basin. La station est inaccessible en voiture et seul un sentier permet de monter jusqu’au domaine skiable. Heureusement, une « goods lift » assure le rôle de monte-charge de notre matériel. Après deux heures de grimpette et malgré la fatigue, nous filons quasi immédiatement à l’assaut des montagnes. Temple Basin est, comme son nom l’indique, un temple du freeride. Ici, il n’y a pas de piste, pas de dameuse, et pas de remontée mécanique. Enfin si, des nutcrackers ! On nous avait prévenu : « vous verrez, tout le monde tombe. Même les pro riders ! ». Pas très engageant. Avec un nom pareil, j’aurai dû me méfier, mais maintenant qu’il faut m’y atteler, j’ai carrément envie de fuir ! Il faut imaginer une ceinture à laquelle est reliée une sorte de pince métallique qu’on doit enrouler autour d’une corde défilant à toute allure. C’est archaïque, ça ruine le dos et détruit les bras, mais il faut bien l’admettre, c’est rudement efficace ! Une fois en haut, il faut encore de longues minutes de marche pour atteindre le sommet. Le plaisir de la descente n’aura jamais été autant mérité !
Grâce aux précieux conseils d’Alex et Chris, deux « instructors », nous nous livrons à notre nouveau jeu pendant deux jours. Nous manœuvrons sans cesse avec le vent, le soleil et les nuages pour nous trouver toujours « at the right place, at the time ». Alex, qui connaît les lieux comme sa poche, nous offre quelques lignes absolument mémorables, dans une neige de printemps exquise.
Le 14 septembre, nous espérons remettre ça à Broken River, mais la piste d’accès est interdite aux camping-cars et il n’y a personne pour nous monter en stop. Dans la foulée, nous faisons une tentative à Craigieburn, dont la route d’accès est située 500 m plus loin. La donne est la même : il est impossible de monter avec le van. Dépités, nous faisons route jusqu’à Kaikoura, un minuscule port de pêche, où nous faisons le ravitaillement. Espérons que nous pourrons prendre notre revanche demain, à Mt Lyford…