Il y a des jours ou …

Il y a des jours hauts en couleurs où la vie semble n’avoir jamais été aussi belle, où tout paraît facile et évident, où les gens autour de soi semblent avoir un immense sourire à la place de la bouche, où l’on se sent en parfaite harmonie avec le monde, …où l’on est comme touché par la grâce.

Et puis il y a les autres jours. Ces jours gris où l’appel de la couette résonne très fort dans la tête, mais où le buzzer du réveil sonne encore plus fort. On se résout finalement – plus par dépit que par envie – à se lever et la cascade des petits malheurs du quotidien se met à vomir de toutes ses forces. Généralement, ça commence par la tartine qui échappe des mains pour s’étaler lamentablement quelques fragments de seconde plus tard, la face bien beurrée sur le sol. Il existe une variante qui consiste à se cogner le coude sur la portière de la voiture de telle façon qu’on a l’impression d’avoir reçu une décharge électrique qui vous paralyse toute l’articulation pendant quelques minutes. Ces jours là, il n’y a pas de mystère, il faut faire le gros dos et attendre le retour sous la couette pour que la cascade s’arrête.

Aujourd’hui est un jour noir. Nous travaillons depuis plus de 15 mois sur notre projet, nous sommes à moins de 3 semaines du départ et il faut bien l’admettre, nous sommes fatigués. Fatigués de courir dans tous les sens pour boucler ces préparatifs qui semblent ne plus en finir. Fatigués de voir que certains de nos proches pensent que la préparation d’un périple comme le notre se fait d’un simple claquement de doigts. Fatigués d’être « baladés » par certains journalistes pour qui ça ne pose aucun problème de conscience de nous faire faire 200 km à nos frais, puis attendre dans le froid et le vent pour vous annoncer ensuite que, finalement, ils ont des problèmes techniques et que vous ne pourrez être interviewés que 3 minutes. Fatigués de rappeler nos « partenaires » pour la enième fois et de nous rendre compte que la fameuse commande dont on nous avait dit qu’elle était partie il y a quinze jours n’a, en fait, pas encore été préparée. Fatigués de voir se réaliser ce que nous redoutons depuis plusieurs semaines : la blessure. Et oui, la bonne vieille blessure qui rappelle que personne n’est infatigable, et surtout pas nous ! Certes, il y a eu beaucoup de peur, mais il y a aussi eu du mal. Le rêve a failli s’arrêter avant même de démarrer. Alors, afin d’éviter le pire et de pouvoir partir dans des conditions raisonnables, merci à vous de faire preuve d’un minimum de considération pour notre travail. Merci de comprendre que rien ne nous est tombé tout cru dans le bec, mais qu’il nous a fallu travailler dur pour obtenir ces résultats. Merci de ne plus nous demander de dépenser de l’argent pour vous permettre d’en gagner davantage sur notre dos, sans le partager. Merci de nous laisser souffler un peu avant le grand départ. Merci de ne pas nous juger et de nous laisser aller en paix.

Ainsi va la vie. Elle exploite toutes les gammes des couleurs. Nous la prenons comme elle est, avec ses bons et ses mauvais jours…

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