Jamais nous n’avons abordé une étape de ce tour du monde aussi terrifiés qu’à l’approche du Japon. Et pour cause, nous avons entendu les pires horreurs sur les us et coutumes de ses habitants. En outre, le changement de notre mode de transport me laisse tout à fait perplexe. Changer de station de ski tous les jours en prenant le train et le bus (au lieu de la voiture) avec 70 kg de bagages me semble mission impossible…
Après une nuit glaciale en transit sur un banc de l’aéroport de Hong-Kong et quelques heures de vol supplémentaires, nous débarquons le 18 janvier 2007 à Sapporo, sur Hokkaïdo, l’île la plus au Nord de l’archipel nippon. Il tombe des flocons gros comme des balles de golf ! Mais ce qui aurait habituellement été une excellente nouvelle se transforme en calvaire lorsque nous devons traîner les bagages pour rejoindre notre auberge de jeunesse.
Avant le lever du soleil, nous déguerpissons pour attraper notre premier train. Nous arrivons quelques heures et quelques changements plus tard à Niseko dans une auberge japonaise traditionnelle. Ce logement douillet ressemble à tous les décors des dessins animés de notre enfance, les couleurs acidulées en moins ! Ici, les lits sont installés sur des matelas en paille de riz, les oreillers sont faits d’un sac de graines, les douches ont l’air d’avoir été dimensionnées pour des lilliputiens et les clients sont invités à chausser des tongues.
Le 20 Janvier, alors qu’une sorte de poussière de neige flotte délicatement dans l’air, nous nous élançons pour notre première descente. Il est difficile de décrire ce que nous ressentons à cet instant précis. C’est un mélange de soulagement, d’excitation et de surprise. Soulagement, car depuis un mois et demi que nous avons repris la route, il y a enfin de la neige en quantité « raisonnable », c’est-à-dire jusqu’à mi-cuisse ! Excitation, parce que c’est de la poudreuse et qu’elle est fraîche. Surprise, parce que cette neige ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Elle est d’une légèreté et d’une sécheresse qu’il est difficile d’imaginer pour les européens que nous sommes. De plus, elle tient bien toute la journée, car la température reste à peu près constante (autour de – 8°C). Du coup, glisser sur cette neige est une expérience tout à fait étonnante. C’est un peu comme de glisser sur de la sphaigne, mais sans eau !
Le lendemain, nous renouvelons cette expérience à Rusutsu. Matthieu m’avait prévenu : « tu verras, c’est un lieu très sauvage, où la nature est intact ! ». A l’arrivée dans la station, j’éclate de rire : c’est un véritable parc d’attraction, avec ses hôtels de luxe, ses manèges à sensations et une odeur ambiante de pop-corn caramélisé. Ce n’est qu’après avoir emprunté plusieurs télécabines que nous entrevoyons toute la beauté du domaine skiable, où nous profitons de quelques runs magiques dans la forêt. Enfin, le clou du spectacle est incontestablement la vue sur le volcan parfaitement conique Mt Yotei, sur le lac Toya au premier plan et sur l’océan pacifique juste derrière.
Le soir, Matthieu, qui a bien l’intention de vivre comme un authentique japonais, décide de visiter un « onzen ». Ces sources d’eau chaude publiques sont très répandues dans le pays et particulièrement fréquentées par les habitants. L’étiquette y est précise et personne ne doit déroger à la règle : on ne peut y entrer que parfaitement nu, après s’être lavé assis sur un tabouret avec l’aide d’un sceau !