Leçon de vie a Caviahue

Le 30 juin, après un superbe lever de soleil, le ciel s’est couvert, mais les conditions météo ont l’air suffisamment stables pour aller rider le volcan Copahue*. Alors que nous prenons le petit déjeuner, j’observe avec admiration l’ingéniosité de Caniche. Ici, le moindre objet connaît plusieurs vies et n’est jeté que lorsqu’il est dans un état de décomposition avancé. On trouve comme ça des choses étonnantes : des lits fait de branches de bois, des portes manteaux en filet de pêche, etc. Un peu plus tard, rejoins par un collègue de notre hôte, nous nous embarquons dans le 4×4 de Caniche, la moto neige d’au moins 200 kg accrochée derrière par une simple goupille. La route d’accès est une fois de plus une piste en très mauvais état. A chaque trou, le pare-brise de la voiture maintenu en haut par du scotch se soulève et menace de se décrocher définitivement… Nous avançons jusqu’à ce qu’il y ait assez de neige pour larguer la moto. Une fois ce point atteint, Caniche attache une corde à la moto, nous chaussons notre matériel et dans un nuage de fumée noire, nous filons à l’assaut des montagnes.

Compte tenu de l’état de la neige (dure et transformée), nous préférons faire un run de repérage et d’échauffement sur l’un des « balcons » du Volcan. En s’engageant dans cet itinéraire, nous passons sans le savoir, et dans la plus parfaite illégalité, la frontière avec le Chili. Une fois en bas, nous déguerpissons au plus vite et partons chercher un autre spot. Après avoir parcourus de nombreux kilomètres dans ce désert blanc, tirés comme en ski nautique à près de 50 km/h, nous sommes obligés de renoncer à cause du manque de neige. Les flancs du volcan ne semblent pas encore accessibles à cette période de l’année…

Alors que nous venons d’installer la moto sur sa remorque et que nous nous apprêtons à rentrer, la voiture reste bloquée dans la neige. Nous détachons la moto, dégageons les pneus, poussons le véhicule, avançons, puis rattachons la moto. Une centaine de mètres plus tard, la voiture refuse à nouveau d’aller plus loin. Nous redétachons la moto, dégageons une fois de plus les pneus, et repoussons la voiture, mais celle-ci refuse d’avancer. Caniche a l’idée d’utiliser la moto pour tirer le 4×4. Après trois tentatives et une belle chute du pilote, nous abandonnons cette solution. Caniche, décidément jamais à cours d’idées, propose de dégonfler un peu les pneus pour donner plus d’adhérence. Nouvelle tentative : ça marche ! Nous parcourrons 500 mètres, puis rattachons la moto, car il n’y a plus assez de neige pour qu’elle avance davantage. Lors de cette opération, nous constatons que l’un des pneus est complètement à plat. Vu l’état de la piste et la distance qu’il reste à parcourir, nous n’avons pas le choix : il faut changer la roue ! Je suis médusée : tant d’énergie dépensée pour seulement une descente… mais Caniche ne perd pas le sourire ! Après avoir pataugés 2 heures dans la neige, c’est reparti. Nous arrivons un peu après 16 heures à la maison, où un repas de viande argentine nous attend.

Le lendemain, nous tardons à nous lever et c’est sans regret, car le temps est mauvais. Le vent a soufflé toute la nuit et maintenant il pleut. Bref, ce n’est pas très engageant. Nous en profitons pour mettre un peu à jour notre site Internet… Malheureusement, le seul cybercafé à 100 km à la ronde est fermé lorsque nous décidons de procéder à la mise en ligne. Du coup, nous partons nous balader dans Caviahue et jeter un œil à la station de ski à quelques km à peine de là. Le thermomètre est grimpé à 6°C, la neige s’est fait copieusement arroser par la pluie et les remontées mécaniques semblent fermées. Ce spectacle de désolation ne semble pas perturber outre mesure les riders du coin. Ceux-ci s’apprêtent à assembler 2 tables à pic-nic pour fabriquer un module avec le peu de neige qui reste. On s’amuse comme on peut !

* Ce volcan est encore en activité, d’ailleurs on sent une forte odeur de souffre dès qu’on s’en approche !


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