Le 3 Février, nous débarquons sur « l’île des Dieux », à Chypre, pour 3 jours. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y a bien une station de ski en pleine mer Méditerranée ! A Troodos, sur le mont Olympe (1950 m), dans la vallée des cèdres, au cœur de l’île. Mais pour l’heure, il pleut et tous les chypriotes que nous croisons nous affirment avec force et conviction qu’il est « impossible » de faire du ski, parce qu’il n’y a « jamais » de neige sur l’île…
Le lendemain, pour digérer le décalage horaire, nous faisons un tour des parties accessibles du territoire chypriote. En effet, depuis le 20 juillet 1974, un tiers du pays est occupé par des troupes de l’armée turque et il est strictement interdit aux touristes de s’approcher des « frontières ». Nous sommes alléchés par les brochures touristiques qui expliquent que ce petit bout de terre est « un musée à ciel ouvert, véritable mosaïque des civilisations qui s’y sont succédées à travers les siècles ». Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté dans la mythologie grecque, y serait même née. Du coup, c’est une bonne dizaine de sites, répartis le long des côtes de l’île qui lui sont consacrés. On peut donc visiter le lieu de naissance de la Belle (une plage), la « grotte » où elle prenait ses bains à l’ombre d’un figuier géant, les sanctuaires où elle rencontrait ses nombreux amants, etc. Dans la réalité, les choses sont… légèrement différentes ! Les sites ne sont pas aussi romantiques et présentent encore moins d’intérêt culturel. Du reste, l’authenticité de certains d’entre eux doit être toute relative si l’on en croit l’odeur de ciment frais qui se dégage de certaines Eglises « byzantines » ! Et oui, à Chypre, comme ailleurs, l’industrie du tourisme de masse essaie de vivre comme elle peut, même au prix de certains artifices… Mais peu importe, ces paysages de côtes méditerranéennes bordées d’oliviers, d’orangers et autres arbres fruitiers aux senteurs délicates d’agrumes sont vraiment très dépaysants !
Au matin du 5 février, nous tentons de rejoindre l’Olympe, malgré une pluie drue. Au fur et à mesure de la montée, les gouttes d’eau se transforment en neige. Quelques kilomètres avant l’arrivée, les roues patinent désespérément, nous sommes bloqués dans un désert blanc où les flocons ne cessent de tomber. Qu’à cela ne tienne, il y a suffisamment de pente pour nous faire plaisir. Nous enfilons notre matériel, laissons la voiture sur le bord de la route et improvisons une session backcountry dans cette neige fraîche ! Malgré nos tentatives ultérieures, il y a tellement de congères qu’il nous est impossible d’accéder à la station.
Après coup, nous réalisons que cette péripétie confirme les grands mythes grecs. En effet, selon ces derniers, à chaque fois qu’un mortel a essayé de rejoindre l’Olympe, il s’est planté !